Étiquette ou éthique?

À plusieurs occasions, lorsqu’on me demande de faire une proposition d’atelier ou de conférence en entreprise, on me suggère de parler d’éthique. Depuis tous les scandales qui terrifient la planète, les gens sont friands d’entendre parler d’éthique. J’ai une précision à apporter, les consultants en étiquette ne sont pas des éthiciens. Les gens semblent confondre les deux mots qui, quoique très proches, sont aussi très différents. À maintes reprises, j’ai lu et entendu des gens utiliser le mot éthique au lieu du mot étiquette. Il s’agit d’une faute de compréhension et de distinction entre ces deux mots. La spécialité des consultants en étiquette et protocole consiste à vous entretenir de ces deux sujets et non de l’éthique. Laissons l’éthique à des spécialistes comme RenéVillemure qui est éthicien à l’Institut d’éthique appliquée. Pour bien comprendre la signification du mot éthique, je vous invite à regarder sa vidéo http://bit.ly/a40Ef2. Je tiens à remercier Line Lavoie, consultante en étiquette et protocole du Saguenay d’avoir amorcé cette recherche.

Maintenant que vous avez visionné la vidéo de M. Villemure et que vous comprenez le sens du mot éthique, permettez-moi de vous expliquer l’étiquette. L’étiquette, aussi appelée bienséance, est un ensemble de règles qui gouvernent le comportement en société. On dit « observer l’étiquette ». Ce mot, d’origine française, provient du vieux français « estiquer » ou attacher un écriteau décrivant les règlements à l’intérieur des cours, châteaux et palais, d’où le mot étiquette. Au Moyen Âge, on parlait de courtoisie, de civilité, de politesse, de décence. Le mot courtoisie servait à définir la conduite adoptée dans les cours des grands seigneurs. Aux XVIe et XVIIe siècles, le mot « civilité » devient symbole des règles de bonnes manières admises en société. Les bonnes manières à table, la façon de s’exprimer et de se vêtir continuent encore à intéresser les gens qui désirent réussir dans notre société moderne. Un des premiers écrivains à traiter de la civilité fut l’Italien Tommassino di Circlaria dans un traité sur la courtoisie. Ses recommandations, en 1200, visent les sujets suivants : vendre la mèche, trahir les secrets, se vanter, transmettre des signaux pour tromper les gens, se précipiter devant les autres dans une foule. En plus de démontrer une mauvaise éducation, ces façons de faire étaient considérées comme des péchés !

Vers 1290, un moine milanais, Bonvicino da Riva, faisait paraître « Cinquante courtoisies à table », probablement le premier livre traitant de l’étiquette à table. Parmi les règles mentionnées dans cet ouvrage, on retrouve : ne pas flâner à table, ne pas reprendre de nourriture avant d’avoir avalé, tourner la tête lorsque l’on tousse ou éternue, ne pas se lécher les doigts, ne pas se curer les dents, ne pas regarder dans les assiettes des autres, ne pas parler la bouche pleine. Les invités auront les meilleures portions et les morceaux les plus tendres, ils auront toujours à boire et à manger et ils ne critiqueront pas la nourriture. Ces règles d’étiquette existent toujours aujourd’hui !

Parmi les gens célèbres qui ont contribué à l’essor de l’étiquette, nommons : François 1er, Henri III, Louis XIV, Napoléon 1er, Érasme, Giovanni Della Casa. Aux États-Unis : Emily Post, Eleanor Roosevelt, Shirley Temple, Jacqueline Kennedy, Letitia Baldrige.

Depuis les temps anciens, la table demeure le centre des échanges sociaux et politiques. L’étiquette sociale et professionnelle n’est pas facultative. Cette connaissance est à la base de l’image des gens qui se respectent et respectent les autres. C’est pour cette raison que l’art de la table, entre autres sujets, joue un rôle important dans l’enseignement de l’étiquette et du protocole.

L’étiquette peut varier d’un pays à l’autre mais la base est la même : le respect. Je vous souhaite une excellente année 2011 basée sur le respect et la courtoisie.

Ginette Salvas
École internationale d’étiquette et de protocole
www.ginettesalvas.com